Un homme passionné de vélo tombé sous le charme de l’Ariège
Je sais que tu es originaire de la région Centre-Val de Loire (37). Peux-tu nous raconter comment tu es arrivé en Ariège?
Effectivement j’ai passé toute mon enfance en Touraine. Lorsque j’ai fini mes études de sage-femme en 2007, ma compagne et moi avions décidé de visiter le sud de la France où nous avions déjà passé des vacances. Les balades en vélo, les randonnées, le paysage, la nature, tout ça nous faisaient envie.
J’ai trouvé un contrat de 6 mois à l’hôpital de Foix, contrat qui s’est renouvelé plusieurs fois. En parallèle nous avons lié des amitiés, fait des projets et eu deux petits ariégeois… et au final cela fait 17 ans que nous sommes en Ariège.
Si tu devais indiquer sur une carte les endroits les plus importants pour toi en Ariège, quels seraient-ils?
Pour ma vie familiale, c’est la ville de Mirepoix et ses alentours où j’habite maintenant. Pour ma vie professionnelle, il y a l’hôpital où je suis sage-femme à la maternité de Foix. Et puis il y a ma vie sportive, et là le choix est difficile… Il y a des cols comme Pailhères, Beille ou Agnès mais s’il fallait en choisir qu’un, je dirais le col de Montségur. Le plus proche de chez moi et celui que je fais le plus souvent, je l’adore !
A côté de ton travail à l’hôpital, ta grande passion, c’est le vélo. Tu fabriques toi-même tes roues et nous les adorons! Comment as-tu commencé à faire toi-même tes roues?
Je suis issu d’une famille de cyclistes. Mon père, mes frères, tous avions notre vélo et il fallait l’entretenir. Pour ce faire, j’ai vite appris la mécanique vélo et cela m’a tout de suite passionné. Pour ce qui est des roues, c’est mon frère aîné qui travaillait chez un vélociste et ramenait des roues à monter à la maison. Je devais avoir 9 ans. Pour l’aider, il a commencé à m’expliquer comment mettre les rayons sur le moyeu, puis plus tard comment croiser les rayons et enfin comment dévoiler. En quelques mois, je savais monter une roue!!!
Ensuite, avec les compétitions, j’ai commencé à vouloir personnaliser mes montages. Des moyeux légers, des jantes plus ou moins hautes suivant le parcours, des rayons profilés, les ligatures. J’ai aussi fait mon stage de 3ème dans un magasin de vélo où il y avait Mr Danguillaume, un ancien pro, qui a finalisé mon apprentissage. Ensuite j’ai eu comme inspiration des monteurs comme Marcel Borthayre qui travaillait pour Jacques Anquetil entre autres. Je l’avais eu longuement au téléphone, un beau souvenir!
Pour les connaisseurs, j’ai un souvenir d’avoir participé à un challenge national cadet en 1998 avec les premières jantes Zipp 340 carbones que j’avais montées avec des moyeux Tec. J’étais un précurseur. Avec l’arrivée d’internet, j’ai même eu un site où je présentais mes montages, échanger sur les forums avec des passionnés comme moi. Certaines connaissances de cette époque en ont fait leur métier, comme Adrien Gontier de chez RAR ou Julien, fondateur du site Veloptimal↗. Puis sont arrivées les roues faites en usine et l’offre personnalisée s’est restreinte. Mais je continue à me faire plaisir en suivant les différentes évolutions techniques et en essayant de garder ce côté artisanal qui me plaît tant.
Cette année, tu t’es lancé un chouette défi pour démarrer tes vacances. Tu peux nous en parler un peu?
Depuis la période COVID durant laquelle il n’y avait plus de compétition, j’essaie de faire une fois par an un défi personnel. Le but est simplement de me challenger, sortir de ma zone de confort. Moi le cyclo-cross man, spécialiste des efforts courts et intenses, je me plais à m’essayer sur des efforts longs en endurance. En 2020, j’ai fini les 7 majeurs (360km, 12000m de d+) en 21h, en 2021 la traversée des Pyrénées en 3 jours, en 2022 un parcours reliant toutes les stations ariégeoises (320km, 10000m de d+) en 18h, en 2023 j’ai été plus sage, juste un aller-retour au Pic de Nore de chez moi.
Pour cette année, j’avais une trace GPS faite depuis 3 ou 4 ans pour aller en Touraine, un parcours de 630km à faire d’une traite. Je me suis décidé environ 1 mois avant mon départ, j’étais un peu dans l’inconnu face à un effort plus long et moins intense. Je suis parti fin juillet un samedi midi, le weekend était chaud et les arrêts aux cimetière ou points d’eau furent nombreux. La première journée et la nuit se sont bien passées, je tenais un bon rythme et je n’ai commencé à sentir la fatigue qu’au petit matin, vers 5h où je me suis obligé à m’allonger 45min pour attendre le lever du soleil. Pour la petite histoire j’avais promis à ma femme de me poser lorsque les premiers signes de fatigue se faisaient sentir… Je n’ai fait qu’écouter la voix de la sagesse!
Un peu plus loin, un arrêt petit déjeuner avec chocolat chaud, café et chocolatine et c’était parti pour la seconde journée. Cette dernière fut plus compliquée. Physiquement car le vent soufflait de face et je me suis usé petit à petit, mais aussi mentalement avec des routes rectilignes sans grand intérêt. L’impression de ne pas avancer et de ne jamais voir le bout… Puis l’arrivée vers Poitiers sur des routes que je connaissais a été bénéfique. J’étais en redécouverte de mon ancien chez-moi et le temps paraissait plus court tout à coup. Je suis passé voir mon ancienne école primaire, fermée depuis, et la ville où j’ai passé mes 10 premières années. Un petit pèlerinage !
Au final et après 30h (dont 25h de vélo), je suis “vite” arrivé à Joué-lès-Tours, lieu de résidence de mes parents, accueilli par toute ma famille et belle-famille, un chouette moment!! Avec le recul, je suis content et fier de l’avoir fait mais je pense qu’un parcours plus accidenté avec des paysages changeants m’auraient sûrement évité de ressentir cette lassitude. Des éléments à prendre en compte pour un futur challenge.
Notre dernière création du côté des sacoches, c’est le Mini-Volcano, une création inspirée par tes besoins pour ta dernière aventure. Peux- tu nous expliquer ce que tu cherchais comme sac, et ce qu’il t’a apporté lors de ce périple?
Moi, je suis ce qu’on peut appeler un coursier, hors cyclo-cross je fais des compétitions d’une centaine de km et l’entraînement dépasse rarement 4h. Je n’avais que des petites sacoches pour emporter le nécessaire de réparation. Pour ce périple, il me fallait de la place en plus pour tous les besoins sur une sortie de 30 heures avec une nuit sur le vélo, les températures fluctuantes et bien sûr le ravitaillement. Et une sacoche grand format de 10 litres était trop grande et allait me gêner, surtout par manque d’habitude. J’en ai donc parlé à Ricardo qui me proposa un format entre ces 2 tailles. Et grâce à son savoir-faire, la mini-volcano était née !
Une sacoche qui s’adapte au contenu et surtout qui tient super bien en place, même en danseuse. Dedans j’ai pu y mettre 3 chambres à air, un outil multifonction, une veste pluie, une couverture de survie et 3 casse-croûte pain de mie, en plus de mes papiers, ma carte bleue et de la monnaie. J’avais devant ma potence une sacoche pour ma batterie et des barres de céréales et pâtes de fruits. Ainsi c’était parfait. Lorsque je prenais quelque chose, je refermais en retroussant le tissu et tout était calé !
Ton année est toujours bien remplie par différentes activités et différentes pratiques. Comment ça s’est passé 2024? Quels sont tes prochains projets?
Depuis 4 ou 5 ans, j’articule mon année de la même manière. Fin du cyclo-cross en janvier, une petite coupure, reprise avec de la course à pied et du vélo. Lorsque les beaux jours arrivent, arrêt de la course à pied pour privilégier le vélo et des sorties plus longues en montagne. Juin ou Juillet, un petit défi personnel, coupure et reprise pour préparer les cyclocross qui débutent fin septembre. Là je me focalise sur le cyclo-cross avec des entraînements spécifiques avec pour objectif cette année, les championnats d’Europe à Pontevedra en Espagne. Il y a 2 ans j’avais fait second suite à un souci mécanique et j’ai une petite revanche à prendre. J’espère seulement que la réussite sera de mon côté cette fois-ci. Ensuite il y aura les championnats régionaux et de France où je défendrai mes titres. La saison va vite passer avec l’arrivée de 2025 et d’autres projets, peut-être le Ventoux des 3 côtés en mai ou juin avec un copain, on verra.
Peux-tu nous décrire une journée parfaite sur le vélo et ce que ces sorties vélo t’apportent?
Ce que j’adore c’est partir au petit matin, légèrement avant le lever du soleil, et aller vers les montagnes. Je me retrouve à monter quelques cols, faire quelques descentes et avancer dans les beaux paysages ariégeois. Après 6, 7 ou 8 heures, je rentre chez moi pas trop tard pour profiter de ma famille l’après-midi. Et je ne m’interdis pas un petit tour de vélo avec mon fils pour la récupération. Il y a une certaine forme de liberté que je peux ressentir sur mon vélo, un moyen de découvrir des lieux magiques en pratiquant mon sport favori. Mais aussi de la satisfaction dans l’accomplissement des objectifs. Je pense que tout cela participe à mon bien-être et à ce que je suis dans la vie, quelqu’un de plutôt calme et souriant.